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Les Cent-Jours vus par Tacite dans un centon de 1815

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Abstract

Using a technique that had been popular among polemicists since 1800, Alexandre de Beaurepaire de Louvagny, a nobleman from an emigrant family who sided with Louis XVIII from 1814 onwards, employed phrases borrowed from Tacitus to describe the ‘Hundred Days’, the period between Napoleon's return to Paris on 20 March 1815, after his exile on Elba, and the second restoration of King Louis XVIII to the throne of France on 8 July 1815. Napoleon is a second Nero, while Louis XVIII is likened to Titus. As for the duc d'Angoulême and his wife, they are personified, in the first edition of the pamphlet, as the courageous couple of Sabinus and Eponine; in the second edition, they are assimilated to Germanicus and Agrippina the Elder. In order to maintain the internal coherence of his narrative and to adapt the events of the first century AD to 1815, Beaurepaire used various techniques which led him to intervene either in the Latin text (cuts, new sequences) or in the French translation (additions, omissions, displacements, alterations of meaning, modifications of statements to fit the situation).

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Notes

  1. Voir en particulier G. Germond de Lavigne, Les Pamphlets de la fin de l’Empire, des Cent Jours et de la Restauration, Paris, 1879, à quoi l’on ajoutera, pour les chansons hostiles à Napoléon: G. Strauss, ‘Les chansons royalistes pendant les Cent-Jours’, La Révolution de 1848 et les Révolutions du XIXe siècle, 34, 1937, pp. 95–103. L’anthologie procurée par J. Tulard, L’Anti-Napoléon. La légende noire de l’Empereur, 2e éd., Paris, 2013 [19651], reproduit de nombreux extraits de libelles dirigés contre l’empereur.

  2. N. Petiteau, Napoléon, de la mythologie à l’histoire, Paris, 1999, pp. 29–55, et C. Legoy, L’Enthousiasme désenchanté. Éloge du pouvoir sous la Restauration, Paris, 2010, en donnent un aperçu, sans se limiter à la période 1814–1815; concernant les poèmes en latin, on trouvera plusieurs références utiles dans R. Jalabert, La Poésie et le Latin en France au XIXe siècle, Paris, 2017, pp. 169–94.

  3. Moyennant divers stratagèmes pour échapper à la vigilance des autorités s’ils étaient hostiles à Napoléon: voir à cet égard G. Dufour, ‘La poésie, source d’information clandestine sous le Premier Empire’, dans La Poésie, vecteur d’information au temps de la Guerre d’Espagne. 1808–1814, ed. E. Larriba et A. Coletes Blanco, Aix-en-Provence, 2017, pp. 9–39.

  4. Le mois de publication figure sur la page de titre: ‘8bre’.

  5. Dans son ouvrage de référence, C. Volpilhac-Auger, Tacite en France de Montesquieu à Chateaubriand, Oxford, 1993, lui consacre des remarques pénétrantes mais brèves (pp. 162 et 418–19).

  6. Nous nous fondons, pour la première édition, sur notre exemplaire personnel, identique à ceux auxquels l’on peut accéder sur l’internet (par le truchement de la Bibliothèque municipale de Lyon [mis en ligne sur ‘Google Livres’] et de la Bayerische Staatsbibliothek [cote A.lat.b. 2311 u]); pour la seconde, sur l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France (cote 8-LB48-330), qui n’a pas été numérisé.

  7. Ci-après cité comme C. C. Tacite, historien; à moins que nous n’indiquions expressément le contraire, toutes les références renvoient à la première édition.

  8. ‘Madame’ ne saurait en effet désigner l’épouse de Louis XVIII, Marie-Joséphine de Savoie, qui est morte en 1810: il s’agit de la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse, surnommée ‘Madame Royale’.

  9. Tel est le fonctionnement traditionnel du centon: voir notamment les remarques de G. H. Tucker, ‘“From Rags to Riches”, the Early Modern Cento Form’, Humanistica Lovaniensia, 62, 2013, pp. 3–67 (5–6). C’est la raison pour laquelle nous réserverons, dans les pages qui suivent, l’appellation d’‘auteur’ au seul Tacite et baptiserons ‘compilateur’ ou ‘centoniste’ celui qui en 1815 sélectionne et traduit les passages de l’historien.

  10. Pour une définition plus précise de ce procédé, nous renvoyons à T. Verweyen et G. Witting, ‘The Cento’, dans Intertextuality, ed. H. F. Plett, Berlin-New York, 1991, pp. 165–78 (172–4), ainsi qu’à M. Bažil, Centones christiani. Métamorphoses d’une forme intertextuelle dans la poésie latine chrétienne de l’Antiquité tardive, Paris, 2009, pp. 43–58.

  11. Voir par exemple la synthèse de D. Viellard, ‘Centon’, dans Dictionnaire raisonné de la caducité des genres littéraires, ed. S. Neiva et A. Montandon, Genève, 2014, pp. 111–21 (114–16), avec bibliographie récapitulative.

  12. É. Fournier, ‘De quelques jeux d’esprit et de littérature. Les centons en vers et en prose; les comédies en chansons et en proverbes’, Revue française, 1, 1855, pp. 397–409; A. Canel, Recherches sur les jeux d’esprit, les singularités et les bizarreries littéraires, principalement en France. Tome premier, Évreux, 1867, pp. 251–67; O. Delepierre, Revue analytique des ouvrages écrits en centons, depuis les temps anciens, jusqu’au xixième siècle, Londres, 1868; et idem, Tableau de la littérature du centon, chez les Anciens et les Modernes, Londres, 1874–1875. Bažil, Centones christiani (ci-dessus, n. 10), p. 25, et C. Hoch, Apollo Centonarius. Studien und Texte zur Centodichtung der italienischen Renaissance, Tübingen, 1997, pp. 182–6, donnent quelques exemples supplémentaires, dont plusieurs sont postérieurs.

  13. Pour des exemples à la Renaissance, voir J. Lafond, ‘Le centon et son usage dans la littérature morale et politique’, dans L’Automne de la Renaissance: 1580–1630, ed. J. Lafond et A. Stegman, Paris, 1981, pp. 117–28 et, notamment à propos des Politica de Juste Lipse, G. H. Tucker, ‘Justus Lipsius and the cento Form’, dans (Un)Masking the Realities of Power. Justus Lipsius and the Dynamics of Political Writing in Early Modern Europe, ed. E. De Bom et al., Leyde, 2011, pp. 163–92, en particulier à partir de la p. 169.

  14. Dans sa préface, Ausone qualifiait lui-même son cento nuptialis d’ouvrage ‘écrit à la hâte en un seul jour, à quoi s’ajoute un travail de nuit’ (‘die uno et addita lucubratione properatum’). Et il ne s’agit pas là seulement d’une coquetterie d’auteur: concernant la rapidité avec laquelle un centon pouvait être composé à l’époque moderne, voir l’exemple d’une plaquette rédigée en dix jours qu’analyse G. H. Tucker, ‘Horatian Pyrotechnics in the Latin Verse-Cento. Rapid Response to the Discovery of the Gunpowder Plot, 5 November 1605’, dans The Economics of Poetry: The Efficient Production of Neo-Latin Verse, 1400–1720, ed. B. Schirg et P. Gwynne, Oxford, 2018, pp. 277–320 (282–5 pour la chronologie concernant la composition et l’impression de la première version du centon).

  15. Deux études ont été consacrées à cet opuscule: É. Avocat, ‘Esquisse d’anatomie d’un discours réactionnaire: Héron de Villefosse, ou la Contre-Révolution en costume romain’, dans Comment naît une œuvre littéraire? Brouillons, contextes culturels, évolutions thématiques, ed. K. Yoshikawa et N. Taguchi, Paris, 2011, pp. 71–85, et G. Flamerie de Lachapelle, ‘Cicéron, Tite-Live et Tacite témoins de la Révolution française dans un centon de l’an VIII (1800)’, Acta classica, 65, 2022, pp. 12–40.

  16. Sur le parcours éditorial de cet opuscule, voir Flamerie de Lachapelle, ‘Cicéron, Tite-Live et Tacite’ (ci-dessus, n. 15), pp. 15–20. Pour ce qui concerne C. C. Tacite, historien, le fait que le même éditeur publie les deux versions successives interdit de penser que la seconde soit due à un imitateur ou à un plagiaire.

  17. Voir la liste qu’en fournit Delepierre, Revue analytique (ci-dessus, n. 12), pp. 424–72, à laquelle on peut ajouter des Fragmens de la Vie d’Agricola, par C. L. P., Paris, an XII [c’est-à-dire, 1803] (sur ce dernier centon, voir Volpilhac-Auger, Tacite en France, [ci-dessus, n. 5], pp. 129–32, et G. Flamerie de Lachapelle, ‘Tacito impendere vitam: C.-L.-F. Panckoucke [1780–1844], un traducteur controversé’, Antike und Abendland, 59, 2013, pp. 197–211 [201–4]), ainsi qu’un centon de Louis-Amédée Decampe à partir de Claudien, que Delepierre date à tort des environs de 1817, alors qu’il parut en 1814: Claudien ressuscité au mois d’avril M.DCCC.XIV ou centon tiré des ouvrages de ce poète, sur l’élévation et la ruine de la tyrannie de Buonaparte, et accompagné de la traduction, Toulouse, s. d. (sur cet ouvrage, voir S. Döpp, ‘Von Napoleon zu Ludwig XVIII.: Der Claudian-Cento des L.-A. Decampe’, dans Aetas Claudiana. Eine Tagung an der Freien Universität Berlin vom 28. bis 30. Juni 2002, ed. W.-W. Ehlers et al., Munich et Leipzig, 2004, pp. 224–58).

  18. Ainsi ‘nunc demum redit animus’ (Agricola, 3.1), pour exprimer le soulagement après la chute du Directoire et celle de Napoléon; Historiae, III.67.2 pour évoquer le départ de Louis XVI et de Louis XVIII à travers celui de Vitellius (mais Beaurepaire a soin de supprimer les mots les plus désobligeants pour le monarque, comme la phrase ‘surdae ad fortia consilia Vitellio aures’ [‘Vitellius était sourd aux conseils vigoureux’]); Historiae, III.68.1, afin de décrire la perte soudaine et pathétique de son pouvoir par le souverain.

  19. Outre l’article ancien mais commode de A. Renée, ‘Louis XVIII littérateur’, Revue de Paris, 27, 1841, pp. 232–43, voir la synthèse de J.-F. Solnon, Le Goût des rois, Paris, 2015, pp. 260–61.

  20. Voir Volpilhac-Auger, Tacite en France (ci-dessus, n. 5), pp. 127–47. À cet égard il convient de rappeler que la notoriété de l’auteur de l’hypotexte est une condition nécessaire pour confectionner un centon: Bažil, Centones christiani (ci-dessus, n. 10), pp. 61–2.

  21. Sur les sententiae chez Tacite, voir, par exemple, K. Stegner, Verwendung der Sentenz in den Historien des Tacitus, Stuttgart, 2001; au sujet de la nécessité pour le compilateur du centon d’avoir dans son hypotexte des éléments aisément ‘détachables’ et transposables dans un autre contexte, voir Bažil, Centones christiani (ci-dessus, n. 10), pp. 60–61.

  22. L’Ambigu, ou Variétés littéraires et politiques, 51, 1815, p. 190. Peltier cite ici quelques passages de la traduction qu’il modifie légèrement, apparemment pour donner plus de force encore aux mots du compilateur original (ainsi ‘erecta quae adstabat multitudine’ [Historiae, IV.81.3], traduit par ‘une troupe attentive au commandement’ dans l’ouvrage imprimé, devient dans L’Ambigu ‘une troupe aveugle et servile’): sans doute est-il poussé là par la haine viscérale de Napoléon qui l’anime depuis tant d’années. Une autre explication serait envisageable: sachant que, depuis son exil londonien, ce journaliste avait lui-même composé quantité de poèmes pleins d’ironie et de sarcasmes contre Napoléon, en détournant parfois des textes latins, comme un passage du chant III du Bellum ciuile de Lucain pour dénoncer la guerre d’Espagne (dans le numéro daté du 30 mai 1808), peut-on imaginer qu’il aurait lui-même contribué à une version préliminaire du centon, antérieure à sa version définitive publiée, qu’il citerait ici? Son incompréhension du Madame présent dans le titre de l’ouvrage (voir ci-dessous) ne plaide pas en faveur de cette hypothèse. Beaurepaire en tout cas n’est pas influencé par les inflexions qu’apporte Peltier et conservera dans la seconde édition la tonalité qu’il avait déjà choisie dans la première (‘une troupe qu’il remplit d’espoir’). Peltier reproduira le centon, cette fois-ci de façon scrupuleuse et exacte, dans sa livraison du 10 novembre. Ici, comme ailleurs, nous modernisons l’orthographe du français et du latin en vigueur au xixe siècle, sauf dans les titres que nous reproduisons à l’identique.

  23. Sur le rejet de Tacite par Napoléon, voir notamment A. Wankenne, ‘Napoléon et Tacite’, Les Études classiques, 35, 1967, pp. 260–63.

  24. Voir ainsi C. C. Tacite, historien, pp. 6–7 (Historiae, I.88.3), 8–9 (Historiae, IV.37.1), 14–15 (Historiae, III.55.2: ‘Sed uulgus ad magnitudinem beneficiorum aderat’, ‘La foule accourait à la voix de ces grands bienfaits’), 16–17 (Historiae, IV.68.5), etc. Sur l’image souvent négative de la foule chez Tacite, on se reportera par exemple à R. F. Newbold, ‘The vulgus in Tacitus’, Rheinisches Museum, 119, 1976, pp. 85–92, lequel souligne notamment que l’historien a beau ne pas se montrer systématiquement hostile au uulgus, il l’est la plupart du temps, en particulier dans les Histoires (pp. 88-9). De fait si Tacite distingue une partie du peuple capable de discernement politique d’une autre trop habituée au cirque et aux théâtres (voir H. G. Seiler, Die Masse bei Tacitus, dissertation inaugurale, Erlangen, 1936, p. 21), c’est surtout ce second versant qui est présent dans notre pamphlet: la tendance de la foule à succomber aux émotions qui la traversent (L. Landolfi, ‘“D’un volgo disperso che nome non ha”: Tacito, le masse, le emozioni. Rileggendo il primo libro delle Historiae’, Hormos, 3, 2011, pp. 163–79) s’adapte bien à l’enthousiasme largement irrationnel qui entoure, selon Beaurepaire, le retour de Bonaparte.

  25. Sur l’importance de cette notion chez Tacite, voir, par exemple, T. E. Strunk, History after Liberty: Tacitus on Tyrants, Sycophants and Republicans, Ann Arbor, 2017 (passim et notamment p. 4 pour une allusion à Napoléon); le xixe siècle considérait déjà Tacite comme le chantre de la liberté: voir Volpilhac-Auger, Tacite en France (ci-dessus, n. 5), particulièrement les chapitres 15–16 et 19–22.

  26. Par exemple, G. Peignot, Amusemens philologiques, ou variétés en tous genres, 3e éd., Dijon, 1843, p. 78, et J.-M. Quérard, Les Supercheries littéraires dévoilées, 2e éd., III.1, Paris, 1870, p. 755.

  27. [L. Lalanne], Curiosités littéraires, Paris, 1845, p. 15; Fournier, ‘De quelques jeux d’esprit’ (ci-dessus, n. 12), p. 409; contra Delepierre, Revue analytique (ci-dessus, n. 12), p. 504. Beuchot avait composé un centon français, l’Oraison funèbre de Buonaparte par une Société de gens de lettres (1814), qui assemblait les éloges les plus outrés de Napoléon prononcés de son vivant par ses admirateurs, en imaginant que ceux-ci se succèdent désormais à ses funérailles: c’est probablement à cause de cet ouvrage qu’on lui a également prêté C. C. Tacite, historien.

  28. Du moins quand il s’agit d’auteurs éloignés dans le temps: voir D. Turrel, ‘Arrêtez de l’appeler Henri! Enquête sur le nom de La Popelinière’, Revue française d’histoire du livre, 135, 2014, pp. 47–72 (51–2); les contemporains lui semblent plus familiers.

  29. F. F. Guyot de Fère, Statistique des lettres et des sciences en France. Institutions et établissemens littéraires et scientifiques. Hommes de lettres et savans existant en France. Départemens, Paris, 1834-1835, p. 56: ‘beaurepaire (le comte Alexandre de), né à Louvergin (Calvados), en 1783. Ancien ministre plénipotentiaire. Tacite, historien du Roi, in-8°, Paris; Notice sur le patriarche Grégoire, pendu à Constantinople en 1821, in-8°, Paris, 1832. M. de Beaurepaire s’occupe spécialement, dans ce moment, d’un ouvrage d’économie sociale’. La dernière phrase émane probablement d’informations livrées par Beau-repaire lui-même. La nécrologie que le comte de Charency consacre à son oncle (Notice biographique sur M. le comte de Beaurepaire-Louvagny, lue à Falaise le 14 juillet 1864 devant le Congrès provincial de l’Association normande, Caen, 1864) ne fait certes pas état de cet opuscule, mais il n’y a là rien qui doive nous surprendre: d’une part, cette pochade n’était pas ce qu’on pourrait appeler une œuvre immortelle, en comparaison d’autres mérites du défunt; d’autre part il n’était peut-être pas opportun de rappeler, en plein Second Empire, ses emportements de jeunesse.

  30. A.-A. Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, I.1, Paris, 1872, cols 474–5. L’un des experts anonymes sollicités par le comité de rédaction d’IJCT nous a suggéré que la sélection des passages et leur traduction pouvaient être l’œuvre de deux personnes différentes. Cette hypothèse a suscité notre intérêt. À la réflexion cependant, elle soulève plus de difficultés qu’elle n’en résout: a) autant que nous le sachions, la compilation et la traduction n’étaient pas des tâches séparées chez les précédents centonistes français du xixe siècle; b) la nécessité de publier rapidement une œuvre relevant d’une actualité brûlante commandait au compilateur d’abréger au maximum le processus qu’aurait alourdi le recours à un comparse; c) aux pp. 18-19 la traduction prend en compte des mots qui ne sont pas dans le texte latin imprimé. En effet celui-ci commence par ‘cum repente, nouo auxilio ...’ (Historiae, IV.33.2), mais les premiers mots de la traduction sont: ‘La fortune, qui, d’abord, se déclare pour lui ...’. Or ceux-ci correspondent à ‘Blandiebatur coeptis fortuna’ (Historiae, II.12.1), texte qui sera bien présent, comme le veut la logique, dans la seconde édition (la traduction demeurant inchangée). À moins de supposer un oubli de l’imprimeur (mais alors il aurait omis à la fois le texte latin et sa référence entre parenthèses à un autre endroit de la page), on ne peut considérer que le traducteur se contentait de rendre un texte fourni par un autre, faute de quoi il n’aurait pu suppléer lui-même ces quelques mots oubliés dans le texte latin et qui correspondaient à un tout autre passage des Histoires. Le compilateur avait celui-ci en tête au moment de confectionner sa traduction, mais a omis de le rétablir en latin. Il reste en revanche tout à fait possible (mais invérifiable) que Beaurepaire ait, conformément à une tradition érudite dont relève le centon, fait circuler cet essai parmi quelques lettrés avant de rendre à l’imprimeur sa version définitive.

  31. La correspondance du père d’Alexandre traduit bien son désarroi: voir M. Bujoli-Minetti, ‘Jacques Alexandre Reine de Beaurepaire de Louvagny ou la souffrance d’un exilé’, dans Exil et épistolaire aux XVIIIeXIXe siècles. Des éditions aux inédits, ed. R. Baudin et al., Clermont-Ferrand, 2007, pp. 87–107.

  32. Charency, Notice biographique (ci-dessus, n. 29), pp. 7–8.

  33. La plus brève compte quatre mots; la plus longue, quarante-neuf.

  34. Ainsi dans un centon horatien de 1605 (Thomas Goad, Cithara octochorda, Londres) et dans les commentaires accompagnant un livre d’emblèmes de 1619 (Julius Wilhelm Zincgref, Emblematum ethico-politicum centuria, s. l.), les références sont indiquées en marge: voir à ce sujet respectivement Tucker, ‘Horatian Pyrotechnics’, ci-dessus (n. 14), p. 281, et T. Verweyen et G. Witting, ‘Der Cento. Eine Form der Intertextualität von der Zitatmontage zur Parodie’, Euphorion, 87, 1993, pp. 1–27 (5). Ces références permettent de souligner l’habileté du centoniste qui jongle avec de multiples citations qu’il ne modifie pas; en outre elles permettent de distinguer nettement le centon du plagiat puisque les emprunts, loin d’être dissimulés, sont mis en évidence; sur la différence entre plagiat et centon, consulter par exemple A. L. Coviello, ‘El centón: Opusculum … de alieno nostrum’, Emerita, 70, 2002, pp. 321–33 (326–8), et Tucker, ‘Justus Lipsius’ (ci-dessus, n. 13), pp. 171–2.

  35. À l’exception de la formule ‘Tum iustam poenam subiit’ (C. C. Tacite, historien, p. 20: ‘Il est puni, et d’un châtiment bien mérité’), accompagnée de la simple référence Historiae: l’espace dévolu à la mention des chapitre et paragraphe est laissé en blanc, comme si le compilateur s’était fondé sur sa mémoire mais n’avait pu ensuite identifier le passage exact correspondant à cette phrase. Ce n’est pas la seule hypothèse envisageable; il se peut que Beaurepaire ait eu sous les yeux la phrase originale, extraite des Annales (XV.68.1): ‘Tum iussam poenam subiit’ (‘Alors il subit la peine prescrite’, à propos de Sulpicius Aper qui avait conspiré contre Néron). Le simple changement d’une lettre (de ‘iussam’ à ‘iustam’), que nous n’avons pas relevé dans des éditions anciennes, aurait été ainsi décidé par Beaurepaire pour souligner que la chute de Napoléon était tout à fait juste. Toutefois, la disparition de la phrase de la seconde édition appuie plutôt la première explication à nos yeux: constatant après coup que sa mémoire l’a trompé, Beaurepaire aurait supprimé cette phrase qui trahit la lettre du texte tacitéen. La numérotation du chapitre auquel le lecteur est renvoyé est parfois erronée; nous rétablissons dans le présent article les références exactes.

  36. Cf. les riches remarques de Tucker, ‘Justus Lipsius’ (ci-dessus, n. 13) pp. 179–83; aussi Bažil, Centones christiani (ci-dessus, n. 10), p. 68: ‘La tension entre les deux plans de la lecture, dans les deux contextes, nouveau et original (qu’on ne perçoit pas toujours), est ainsi la qualité fondamentale de la réception des centons’.

  37. Ce phénomène résulte moins de la diminution de la pratique du latin que de l’afflux d’un public avide de prendre connaissance de textes anciens, sans pouvoir nécessairement le faire directement à la source. Voir G. Flamerie de Lachapelle, Lemaire, Panckoucke, Nisard: trois collections d’auteurs latins sous la Restauration et la monarchie de Juillet, Bordeaux, 2021, pp. 205–11. La bibliométrie confirme du reste ce constat: L. D’Hulst, ‘Traduire l’Europe en France entre 1810 et 1840’, dans Europe et traduction, ed. M. Ballard, Arras, 1998, pp. 137–57 (143), dénombre quelque quatre mille traductions du latin vers le français entre 1810 et 1840, ce qui place le latin loin devant l’anglais, la langue venant en second. C’est ce qui explique que les centons évoqués par nous à la n. 17 soient accompagnés d’une traduction.

  38. Avocat, ‘Esquisse’ (ci-dessus, n. 15), pp. 77–9, analyse ce phénomène pour le centon de Héron de Villefosse et Durozoir. Dans son centon publié en 1730 (Sibylla Capitolina Publii Virgilii Maronis Poemation), Pierre Daudé avait accompagné les vers de Virgile d’une paraphrase explicative en prose et de plusieurs notes, ce qui était une autre façon d’écarter le risque d’obscurité.

  39. Juste Lipse avait par exemple ajouté des liaisons, des explications aux textes qu’il cite dans ses Politica; voir Lafond, ‘Le centon’ (ci-dessus, n. 13), p. 118.

  40. La conclusion d’un compte rendu anonyme d’un autre centon, cette fois confectionné à partir d’extraits grecs, le Poème sur le Retour du Roi et de la famille Royale, extraits imités d’Homère, d’Euripide, &tc., Paris, imprimerie de Fain, 1814, par Hercule Cadet de Gassicourt, nous paraît confirmer cette analyse, même si la traduction de Beaurepaire est moins libre que celle-ci: ‘[Cadet de Gassicourt] a senti que, parmi les lecteurs français, il s’en trouverait beaucoup à qui il ne parlerait jamais trop clairement, tandis que ceux qui le liraient en grec entendraient à demi-mot’. (Y., dans Esprit des journaux français et étrangers, VIII, août 1814, p. 81).

  41. Plaidoyer de Lysias, contre les membres des anciens comités de Salut public et de sûreté générale, Paris, chez Du Pont, l’an III de la République. Il est vrai qu’à cette période la connaissance du grec était infiniment moins répandue que celle du latin.

  42. C. C. Tacite, historien, pp. 2–3.

  43. La seconde édition proposera une traduction plus proche du latin, en supprimant ‘rien de plus précieux à employer’, qui doublait ‘rien de meilleur’ pour rendre ‘optimus est’.

  44. C. C. Tacite, historien, pp. 4–5.

  45. Ibid., pp. 10–11.

  46. Ibid., pp. 14–15.

  47. Ibid., pp. 18–19.

  48. Ce thème de la clémence de Louis XVIII est un lieu commun de la littérature en sa faveur des années 1814–1815: voir Legoy, L’Enthousiasme désenchanté (ci-dessus, n. 2), p. 46. Il apparaît également dans la fameuse brochure que Chateaubriand publie en 1814, De Buonaparte et des Bourbons: consulter M. Wrede, ‘Le portrait du roi restauré, ou la fabrication de Louis XVIII’, Revue d’histoire moderne et contemporaine, 53, 2006, pp. 112–38 (128).

  49. Ainsi commence en effet la charte du 4 juin 1814: ‘La divine Providence, en nous rappelant dans nos États après une longue absence, nous a imposé de grandes obligations’. L’allusion est sans doute délibérée, puisque cette charte est présente dans le titre même du centon.

  50. C. C. Tacite, historien, pp. 30–31.

  51. Ainsi selon nos calculs, 51,3 % des passages latins sont nouveaux (319 lignes sur 622): on y renchérit encore sur la douceur et la clémence de Louis XVIII (C. C. Tacite, historien, pp. 4–9 puis 48–57) ou la perfidie des séides de l’empereur (pp. 14–19); nous analyserons un peu plus loin l’insistance sur le dévouement de la duchesse d’Angoulême qu’on rencontre aux pp. 24–9. Les passages déjà présents dans la première édition sont quant à eux l’objet d’une présentation légèrement modifiée pour le latin (ainsi les citations sont en italiques, plusieurs paragraphes ont été fondus) et les traductions, surtout dans le premier tiers du volume, ont été remaniées par endroits, généralement dans le sens d’une plus grande fidélité (voir ci-dessous, n. 89).

  52. Cinq mentions de Néron y sont ajoutées: C. C. Tacite, historien, pp. 6–7 (Historiae, I.5.2); 10–13 (Historiae, I.25.2); 14–15 (Historiae, I.23.1); 50–51 (Historiae, I.20.1 et IV.42.6).

  53. Phrase extraite du Mercure de France du 4 juillet 1807, à l’occasion du compte rendu du Voyage pittoresque et historique de A. de Laborde; sur cet article et son retentissement, voir M. Lelièvre, Chateaubriand polémiste, Paris, 1983, pp. 233–43.

  54. L. Goldsmith, Histoire secrète du cabinet de Buonaparte et de la cour de Saint-Cloud, 3e éd., Londres et Paris, 1814 [18101], p. 126: comme Néron, Napoléon aurait eu des amours homosexuelles et aurait voulu consommer l’inceste avec sa mère, si celle-ci n’avait eu tant de rides.

  55. Napoléon avait été également assimilé au Tibère dépeint par Tacite (voir Volpilhac-Auger, Tacite en France [ci-dessus, n. 5], pp. 489–93), puis à Philippe II et Denys de Syracuse ([anonyme], Parallèle de Philippe de Macédoine, de Denys de Syracuse, et de Napoléon de Corse; ou Napoléon rapproché de ces deux tyrans, Paris, 1814).

  56. Voir J. Bouineau, Les Toges du pouvoir ou la Révolution de droit antique, Toulouse, 1986, pp. 114–15.

  57. C. C. Tacite, historien, pp. 8–9.

  58. Ibid., pp. 10–11.

  59. Ce qui expliquerait que ‘pro Vitellio’ soit traduit par ‘leur ancien maître’ (ibid., pp. 4–5; Historiae, II.101.2) et ‘Sancti’ d’Historiae, IV.62.4 (pp. 14–15), par ‘son chef’ alors que les deux personnages désignent Napoléon.

  60. Ibid., pp. 20–21; Historiae, V.11.2.

  61. Les deux comparaisons se trouvent dans un poème latin du savant Lemaire: voir à ce propos G. Flamerie de Lachapelle, ‘Quand Virgile, Horace et Claudien exaltent Louis XVIII. L’épître dédicatoire de la Bibliotheca classica Latina de Nicolas-Éloi Lemaire’, Humanistica Lovaniensia, 68, 2019, pp. 177–210 (185–6). À rebours les ennemis du monarque exploitent d’autres analogies. Ainsi l’année suivante, on publie dans un journal contestataire installé à Bruxelles de prétendus extraits inédits de Tacite découverts à Philadelphie dans lesquels le roi obèse sera rapproché du cruel et glouton Vitellius: ‘Les pensées séditieuses. Fragment inédit de Tacite’, Le Nain jaune réfugié, 1, 1816, pp. 30–33. Stendhal quant à lui surnommait ‘Claude XVIII’ ce souverain peinant à marcher et volontiers moqué pour cela: voir H.-F. Imbert, Les Métamorphoses de la liberté, ou Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento, Paris, 1967, pp. 112–13.

  62. Dans la seconde édition, Beaurepaire rapprochera Louis XVIII de Galba, mais le nom de ce vieillard exténué, rapidement impopulaire et finalement trahi par les prétoriens, n’était sans doute pas un bon présage, si bien que dans la traduction, Galba devient simplement ‘le prince’: C. C. Tacite, historien, pp. 14–15; Historiae, I.23.1). En outre, comme nous venons de le remarquer, l’habitude était de garder un seul ‘masque’ antique pour tout personnage contemporain, raison pour laquelle dans cette même seconde édition Augusto, renvoyant au monarque français, est simplement traduit par ‘un prince’ (ibid., pp. 6–7; Annales, XIII.3.2).

  63. Voir à cet égard J.-O. Boudon, Napoléon, le dernier Romain, Paris, 2021, en particulier pp. 43–61.

  64. C. C. Tacite, historien, pp. 12–13.

  65. Consulter par exemple J.-P. Bertaud, Les Royalistes et Napoléon, Paris, 2009, pp. 373-4. Il est peu probable en revanche que le compilateur fasse ici allusion aux événements de Bretagne et de Vendée, où aucune figure saillante ne s’illustra après le départ rapide du duc de Bourbon (voir A. Lignereux, Chouans et Vendéens contre l’Empire: 1815, l’autre guerre des Cent-Jours, Paris, 2015, en particulier pp. 99-250); dans la seconde édition la Vendée sera évoquée à travers ses courageux habitants qui prennent les armes contre Napoléon: C. C. Tacite, historien, pp. 32–3: ‘sed erupere primi Audegaui, ac Turonii’ (Annales, III.41.1), ‘Mais les premiers habitants qui arborèrent l’étendard, furent les habitants de l’Anjou et leurs voisins’.

  66. L’Ambigu (ci-dessus, n. 22), p. 191; Peltier, faute d’avoir fait le rapprochement entre Éponine et Marie-Thérèse, ne comprenait pas pour sa part la raison d’être de ce Madame dans le titre: ‘il n’y a que madame dont il n’est pas question, quoi qu’en dise le titre de la brochure’.

  67. C. C. Tacite, historien, pp. 24–7.

  68. Le centoniste évoque ici la campagne infructueuse du duc d’Angoulême en Provence: voir T. Lentz, Nouvelle histoire du Premier Empire. IV. Les Cent-Jours. 1815, Paris, 2010, pp. 417–19.

  69. C. C. Tacite, historien, pp. 26–7.

  70. Ibid., pp. 26–7.

  71. Sur l’importance de la figure de la duchesse d’Angoulême dans la propagande en faveur de Louis XVIII, voir N. Scholz, Die imaginierte Restauration. Repräsentationen der Monarchie im Frankreich Ludwigs XVIII, Darmstadt, 2006, pp. 102–16.

  72. C. C. Tacite, historien, pp. 26–7. Cette citation, visant des hommes de la Maison du roi ou des parlementaires, épargne habilement aux yeux du lecteur Louis XVIII, le comte d’Artois ou le duc de Berry, dont le comportement ne fut objectivement pas des plus courageux.

  73. Ibid., pp. 42–3.

  74. Ibid.

  75. Ibid., pp. 12–13.

  76. Ibid., pp. 14–15 (Annales, I.16.3).

  77. Ibid., pp. 10–11.

  78. Cette règle sous-tend la préface d’Ausone à son cento nuptialis; voir aussi Coviello, ‘El centón’ (ci-dessus, n. 34), pp. 328–9. Contrairement à certains auteurs de centons en prose à l’époque de la Renaissance (par exemple, Juste Lipse: voir Tucker, ‘Justus Lipsius’ [ci-dessus, n. 13], p. 175), les verba sont entièrement intouchés, l’auteur ne procède à aucune modification d’un cas, d’un temps; c’est dans la traduction seule que de telles inflexions sont parfois introduites, comme nous le verrons.

  79. Nous ne revenons pas ici sur le passage analysé ci-dessus dans notre n. 35.

  80. C. C. Tacite, historien, pp. 20–21.

  81. Ibid., pp. 30–31.

  82. L’exaltation de la ‘vraie’ liberté est un thème fort courant au début de la Restauration: voir Legoy, L’Enthousiasme désenchanté (ci-dessus, n. 2), pp. 162–3. Par ailleurs la plupart des adversaires de Napoléon concèdent en 1814–1815 qu’il fut un grand général: voir F. El Hage, ‘Buonaparte contre Napoléon: les Vies de l’Empereur comme manifestes politiques sous la Restauration’, dans Biographie & politique. Vie publique, vie privée, de l’Ancien Régime à la Restauration, ed. O. Ferret et A.-M. Mercier-Faivre, Lyon, 2014, pp. 247–61.

  83. Ainsi C. C. Tacite, historien, pp. 8–9 (Historiae, V.16.2): ‘Romani nominis’ est omis; pp. 16–17 (Historiae, IV.68.5), ‘in populum Romanum’ est traduit par ‘sur nos têtes’; voir aussi pp. 18–19 (Historiae, IV.70.4) et 30–31 (Historiae, I.38.1); en revanche ‘Romanum principem’ est bien rendu par ‘un empereur romain’ pour désigner Louis XVIII, pp. 10–11 (Historiae, III.68.1).

  84. Ibid., pp. 6–7 (Historiae, IV.62.3): ‘Vulgata captarum legionum fama’ est traduit simplement par ‘La nouvelle se répand’; dans la seconde édition, les mots ‘captarum legionum’ disparaissent.

  85. Quelque quinze ans plus tard, Burnouf portera à sa perfection cette pratique consistant à soigner l’élégance de la traduction de préférence à la fidélité à l’original: voir F. Weinmann, ‘Ardente querelle autour des œuvres de Tacite en 1830’, dans Traduire en langue française en 1830, ed. C. Lombez, Arras, 2012, pp. 189–202 (193–200).

  86. Par exemple, C. C. Tacite, historien, pp. 18–19 (Historiae, IV.77.1): le sobre donec uniuersa clades in oculis fuit devient sous la plume de Beaurepaire ‘jusqu’à ce que lui-même, de ses propres yeux, vît son armée attaquée, vaincue, et la déroute devenir générale’.

  87. Ibid., pp. 12–13.

  88. Peut-être le comte d’Artois, qui doit évacuer en toute hâte Lyon où il s’était établi pour arrêter Napoléon.

  89. Nous avons déjà cité un exemple précédemment, et il serait vain de les multiplier. Nous nous  limiterons donc à quelques illustrations: ‘consequuntur’ (Historiae, I.83.2) est traduit par ‘peuvent enfanter’ dans la première édition (C. C. Tacite, historien, p. 3), par ‘produisent’ dans la seconde (p. 5); ‘proponerent’ (Historiae, I.78.2): ‘osèrent faire reparaître’ dans la première édition (p. 5), ‘firent reparaître’ dans la seconde (p. 9); ‘dominorum’ (Historiae, V.25.2), ‘ceux qui devaient lui donner des lois’ dans la première édition (p. 15), ‘ses maîtres’ dans la seconde (p. 29); ‘nulla cupidine’ (Historiae, IV.73.2) ‘par l’attrait d’une vaine cupidité’ dans la première édition (p. 17), ‘par cupidité’, dans la seconde (p. 35); ‘plebes, omissis armis, …’ (Historiae, IV.70.4), ‘le peuple qui avait consenti à courir aux armes, les jette aussitôt’ dans la première édition (p. 19), ‘le peuple jette aussitôt les armes’, dans la seconde (p. 37); ‘processit’ (Historiae, II.29.3), ‘il s’avança au milieu des habitants’ dans la première édition (p. 21), ‘il s’avance’ dans la seconde (p. 41); ‘non supplicium cuiusquam poposcit’ (Historiae, II.29.3), ‘il ne commença point par parler de supplice’ dans la première édition (p. 23), ‘il ne parla point de supplice’ dans la seconde (p. 41); ‘cupido’ (Historiae, II.38.1), ‘cette funeste ambition’ dans la première édition (p. 25), ‘l’ambition’, dans la seconde (p. 45). En règle générale, les temps verbaux sont, eux aussi plus fidèlement rendus: ‘irritat’ (Suétone, Domitianus, 8.3), ‘c’était les irriter’ dans la première édition (p. 5), ‘c’est les irriter’ dans la seconde (p. 11), de même que le sémantisme de tel ou tel mot, ainsi ‘fruebantur’ (Historiae, IV.62.3), ‘accoutument leurs yeux’ dans la première édition (p. 7), ‘se repaissent’ dans la seconde (p. 13); ‘tumens’ (Historiae, I.88.3), ‘allaient au-devant’ dans la première édition (p. 7), ‘étaient enflés’ dans la seconde (p. 13); ‘imperium’ (Historiae, III.68.1), ‘le patrimoine’ dans la première édition (p. 11), ‘le siège de son pouvoir suprême’ dans la seconde (p. 21); ‘lacerare’ (Historae, III.55.2), ‘ruina’ dans la première édition (p. 15), ‘déchire’, dans la seconde (p. 29). Certains modalisateurs abusivement ajoutés disparaissent, comme ‘je pense’ (Historiae, II.37.2 à la p. 3 de la première édition et p. 9 de la seconde); à l’inverse, des mots omis dans la première édition, comme ‘contumacia’ (Historiae, IV.3.1 à la p. 5), ‘flatibus’ (Historiae, IV.81.1 à la p. 7), ‘pluribus nuntiis’ (Historiae, V.20.1 à la p. 9), ‘consulis’ (Annales, XV.69.1 à la p. 13) ou ‘fallendi artes’ (Historiae, III.73.1 à la p. 13) sont dûment traduits dans la seconde (respectivement aux pp. 11, 13, 19, 21 et 25).

  90. Ibid., pp. 6–7.

  91. Inversement quand il décrit la suite de Louis XVIII quittant Paris pour l’exil, Beaurepaire semble se croire obligé d’ajouter à ‘equites Romani’ l’adjectif ‘braves’: ‘de braves chevaliers romains’, comme s’il s’agissait de conjurer tout risque que le lecteur soit tenté de voir dans ce geste une reculade plutôt qu’une preuve de sollicitude …’: ibid., pp. 10–11 (Historiae, III.58.2).

  92. Ibid., pp. 18–19.

  93. Beaurepaire a supprimé les mots ‘exceptusque compositis hostium ordinibus terga in suos uertit’ (‘[la cavalerie], reçue en bon ordre, tourna bride et se rabattit sur les siens’, trad. J. Hellegouarc’h).

  94. Ibid., pp. 10–11 (Historiae, III.58.2): ‘equites Romani’ (‘de braves chevaliers romains’), et ‘libertinis’ (‘affranchis’); pp. 16–17 (Historiae, IV.1.2): ‘pessimi seruitiorum’ (‘de vils esclaves’); pp. 22–3 (Annales, XI.25.2): ‘patriciorum’ (‘patriciens’); pp. 28–9 (Historiae, I.4.3): ‘deterrimi seruorum’ (‘les derniers des esclaves’).

  95. Ibid., pp. 14–15.

  96. Ibid., pp. 16–17.

  97. Ibid., pp. 2–3.

  98. Ibid., pp. 16–17, où l’attitude de Pison, fils adoptif de Galba, est rapprochée de celle de Louis XVIII qui, le 16 mars, s’exclame devant les parlementaires: ‘Pourrais-je à soixante ans mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense?’ (d’après le témoignage oculaire de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, XXIII.2): ‘Patres in curiam uocabat … uocatos, in hunc modum allocutus est … non quia meo nomine, tristiorem casum paueam, ut qui aduersas res expertus … senatus et ipsius imperii uicem doleo, si nobis … perire hodie necesse est’ (‘Pendant ce temps le prince convoquait le Sénat, et assurait les pères conscrits qu’éprouvé par l’adversité, il ne craignait point pour lui; que résigné maintenant à mourir, il ne gémissait que sur le sort de cette assemblée et de l’empire lui-même’), (Annales, I.7.3 et Historiae, I.29.2).

  99. Ibid., pp. 2–3.

  100. Voir, par exemple, F. Démier, La France de la Restauration (1814–1830): l’impossible retour du passé, Paris, 2012, pp. 128–30.

  101. C. C. Tacite, historien, pp. 36–7 (Historiae, IV.76.1–2), à propos de la situation consécutive à la bataille de Waterloo: ‘Gallos quid aliud, quam praedam uictoribus ?… Nam Germanos, qui ab ipsis sperentur, non iuberi, non regi, sed cuncta ex libidine agere’ (‘Et cependant, que vont devenir les Gaules? La proie du vainqueur. Car ce Germain, sur lequel ils comptaient, n’écoute ni son chef, ni son roi; son seul guide est la passion’).

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Correspondence to Guillaume Flamerie de Lachapelle.

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À l’orée de cet article, je souhaite remercier les experts anonymes sollicités par le comité de rédaction d’International Journal of the Classical Tradition, qui ont effectué une lecture attentive d’une première version de mon travail. Les nombreuses améliorations qu’ils ont suggérées ont rendu ma contribution moins imparfaite.

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Flamerie de Lachapelle, G. Les Cent-Jours vus par Tacite dans un centon de 1815. Int class trad 30, 291–313 (2023). https://doi.org/10.1007/s12138-022-00630-w

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